BAALA Mehdi

Paris 2003: c’est la première fois que je vois Mehdi Baala en championnat international. L’affiche est alléchante. Le stade de France est plein. Le local champion d’Europe ose défier le alors triple champion du Monde du 1500, Hicham El Guerrouj. Le champion en devenir face au champion établi. L’un veut devenir Calife à la place du Calife, l’autre ne veut pas abandonner sa couronne. La course est magnifique, le public est en feu mais le Marocain garde son sceptre. Une médaille d’argent pour le Français, l’avenir lui appartient. Mais étrangement, ce sera là son seul podium mondial non différé.

Finale du 1500m à Paris 2003

Helsinki 2005: El Guerrouj a pris sa retraite. C’est open-bar pour Baala. Mais bizarrement, en demi-finales, on ne le sent pas du tout dans la course. Trop de pression? En tout cas, il se plante complètement et rate la finale. Alors qu’il veut bâcher, son équipementier aux 3 bandes exige qu’il participe aux séries du 800m (NDLR: j’ai les oreilles qui trainent au club France). Il parvient en finale où il se classe 6ème.

Osaka 2007: il parait affûté en séries, qu’il passe tranquillement. Avant sa demi-finale, je le croise à l’hôtel de l’équipe de France, je lui lance un encouragement mais ça lui glisse dessus. Le mec est dans sa bulle. Et derrière, une course tactiquement mal menée, il tente un passage en force dans la derrière ligne droite et ose une prise d’arts martiaux sur Youssef Baba pour rendre hommage au pays organisateur. Disqualifié. Bah là, il l’a dans le baba (je sais, elle est facile:-). Il aura beau expliqué à Nelson ce qui s’est passé, c’est retour à la maison.

Pékin 2008: 2ème finale olympique. Il faut vaincre la malédiction. 4ème à 22 ans à Sydney en 2000, forfait sur blessure juste avant les séries à Athènes en 2004, il est sur le papier l’un des favoris pour une médaille. Mais quelle tension!! Incroyable !! Je l’observe faire ses lignes droites avant la course et le sens extrêmement tendu. Et le temps entre son entrée sur le stade, la présentation des coureurs et le départ me paraît interminable. Sur la ligne de départ, il n’arrête pas de multiplier les gestes de nervosité.

Le coup de pétard est donné, Baala, fidèle à ses habitudes court à l’arrière du peloton. Et lors de l’emballage à la cloche, il encore loin derrière et on a l’impression qu’il n’y croit pas. Bloqué. Paralysé. Sauf qu’à 180m de la ligne,  son réveil sonne et son turbo s’allume. Il remonte, remonte, je crie tant que je peux (ce qui ne sert à rien, je suis ligne opposée) et… 4ème. Le lièvre n’a pas rattrapé les tortues Ramzi, Kiprop et Willis. Certes, le Barheini et le Kenyan étaient intouchables mais  le Néo-Zélandais?!?

Finale du 1500m aux JO de Pékin 2008

Par chance, en novembre 2009, un laboratoire du CIO trouve que Ramzi court de manière stupéfiante. Baala récupère le bronze mais n’aura pas les honneurs du podium olympique.

Berlin 2009: pas vraiment de souvenir de ses courses, à part la finale, où il passe à travers: 7ème

Combat de boxe à Monaco en 2011

Daegu 2011: Je suis à Roissy en salle d’embarquement pour la Corée. Pas beaucoup d’athlètes vont embarquer avec moi mais il y en a au moins deux: les compères de Monaco. On ne peut pas dire qu’ils soient enchantés de se revoir. Baala paraît toutefois plus cool que MMB, qui tripote inlassablement son portable. Je le sollicite pour une photo et il accepte avec un grand sourire. J’espère juste qu’il n’y aura pas la revanche du combat dans l’avion et qu’on ne sera pas derouté en Corée du Nord. J’ai su depuis qu’il s’étaient expliqués et étaient devenus potes. C’est beau…

La course de Baala ne se passe pas encore comme prévu. Chute dans la dernière ligne droite. Il finit 2ème Français de la course car le Tahitien Breton Charles Delys profite de la gamelle pour terminer devant. Il est toutefois repêché et terminera 9ème de la finale.

Chute de Baala en séries du 1500m à Daegu en 2011