Nous y voilà. Le premier jour de l’open d’Australie. L’appareil photos est prêt, j’ai mes badges, bref tout l’attirail nécessaire pour un grand championnat. 20 minutes à pied me sont seulement nécessaires jusqu’à la porte du Melbourne Park en me baladant le long de la Yarra River, chemin emprunté par tous les joggers et les promeneurs. J’ai pourtant à peine fait 400m que je croise le Croate, Berna Coric, un jeune de 21 ans qui promet et qui a déjà battu 2 fois Nadal et 2 fois Murray. Je lui souhaite un bon tournoi. J’aurais dû m’abstenir : il a perdu en 3 sets.
Sur la route du stade, on trouve de nombreux bars et restaurants. Dans certains, les serveurs sont habillés aux couleurs de l’open d’Australie et des balles jaunes décorent les murs des salons.
Comme prévu, mon pass me permet d’accéder directement au stade par l’entrée des sponsors et des invités et m’évite une file d’une centaine de mètres. Savoir que je ne vais pas faire la queue pendant 2 semaines pour chaque entrée est savoureux. La « Dame qui SAIT » qui m’avait aidé vendredi me reconnait et se dirige vers moi pour me donner gentiment des bouteilles d’eau. Elle m’indique que si j’ai le moindre problème pendant la quinzaine, ne pas hésiter à venir la voir. Une vraie mère poule. Je lui demande s’il y a de nombreux étrangers un peu « crazy » comme moi qui sont présents pour toutes les sessions. Elle me répond d’un air amusé qu’il y en a quelques uns.
A la lecture du programme, je choisis Pierre–Hugues Herbert, membre vainqueur de la dernière coupe Davis, contre Denis Istomin. huitième de finaliste et vainqueur de Novak Djokovic l’année dernière. A noter qu’Istomin a la particularité d’être entrainé par sa mère comme l’était Jimmy Connors. Le Français réussit les plus beaux coups, notamment un passing lobé entre les jambes, mais manque de puissance et de constance face un gabarit athlétique qui joue fort, juste et vite. Herbert est mené rapidement 6-2, 6-1 quand bizarrement le natif d’Ouzbékistan se tend et perd le 3ème set. La quatrième manche est plus disputée mais l’Alsacien commet quelques fautes directes qu’il paie cash. C’est déjà fini pour le Français qui a démarré son match trop tard.
Dans les travées du stade, je croise Christophe Cazuc, un Maloin, ami de mon pote Benoit Nicolas. Il est entraineur et préparateur mental de joueurs professionnels et est présent en Australie pour échanger, se faire connaître et créer des réseaux dans le milieu très fermé du tennis professionnel. La rencontre mérite une photo.
Sur les courts voisins, j’assiste aux derniers points des victoires de l’Uruguayen Pablo Cuevas, vainqueur en double de Roland Garros en 2008, et du Luxembourgeois Gilles Muller, quart de finaliste et vainqueur de Nadal au dernier Wimbledon, respectivement face au Russe Mikhail Youhzny et à l’Argentin Federico Delbonis.
Juste à côté, je regarde la séance d’entrainement du jeune prodige australien Alex de Minaur avec son entraîneur de coupe Davis, le néo retraité, ancien numéro un mondial, Lleyton Hewitt.
Je me dirige ensuite vers le gros match du jour, Ferrer, ancien numéro 3 mondial, finaliste à Roland Garros en 2013 et vainqueur de paris Bercy en 2012 contre Andrei Rublev, 20 ans, déjà 32ème mondial et futur grand annoncé. La partie est bizarrement programmée sur le court 14 qui n’a pas les tribunes suffisantes pour une telle affiche. Il me faut attendre un set pour trouver une place assise mais ça en vaut la peine. Le match est somptueux. En 2010, à l’US Open, la meilleure partie à laquelle j’avais assistée était hispano-espagnole, un huitième de finale entre déjà David Ferrer et Fernando Verdasco. Tie-break vainqueur au cinquième set pour le second après plus de 4 heures de match. Ici, le combat part sur les mêmes bases. L’Espagnol ne lâche rien. Surnommé le pou, il fait face à un Russe qui s’arrache les cheveux. Ferrer ose tout, tel un rocher, il est l’ambassadeur de la volonté. Si tous les joueurs avaient sa hargne, les grands chelems dureraient 3 semaines. Rublev, sans roublardise, doit lutter devant une telle combativité. Une anecdote sur l’Espagnol. Il a une manie : il mordille souvent sa serviette. C’est un signe de nervosité pour combler un manque de nicotine. Il fumerait un paquet par jour. Incroyable quand on voit la mobylette se déplacer sur le court. Le Russe, après avoir mené 5-2, double break, et eu 2 balles de match au 4ème set finit par l’emporter tant bien que mal au 5ème. Ca vaut bien une photo avec le vainqueur et, une fois n’est pas coutume, avec le vaincu.
Dans les travées, je croise ensuite Cédric Pioline, entraineur de l’équipe de France de Coupe Davis et finaliste à l’US Open et Wimbledon, les Allemands Tommy Haas, ancien numéro 2 mondial et Florian Mayer, qui à son meilleur niveau fut 18ème mondial.
Question sureté, les mentalités ne sont pas les mêmes. Plusieurs fois lors de cette journée, trois voisins de tribunes différents ont quitté leur siège pour aller soit se restaurer, soit prendre une photo, soit aux toilettes en laissant leurs affaires sous ma surveillance. Cet état d’esprit est rafraichissant. On n’imagine plus ça en France. Le moindre sac qui trainerait, le stade serait évacué et les démineurs accourraient.
Tranquillement, je me repose devant le troisième et dernier set de Gilles Simon. Il triomphe du Roumain Marius Copil, vainqueur du tournoi Challenger de Quimper, qui est à la droite de la chaise quand je m’installe, ce qui est normal pour un Copil. Simon contre Marius et une pensée pour mes filleuls.
Il est maintenant l’heure de découvrir la Rod Laver Arena. En chemin, je m’arrête devant Alex Corretja, ex numéro 2 mondial, double finaliste de Roland Garros en 1998 et 2001. Il officie sur la chaine télé Eurosport et, très sympathiquement, accepte un selfie après son passage à l’antenne. A noter que comme pour Ferrer, j’ose leur demander la photo en espagnol. Ça donne ceci : « Una foto por favor ? Muchas gracias ». Impressionnant, n’est-ce pas ?
J’ai reculé ce moment toute la journée pour mieux savourer mon entrée dans la Rod Laver Arena avec la partie de Rafael Nadal. C’ est magique. L’enceinte est ultra moderne avec une excellente acoustique, une vraie salle de spectacle. J’ai des étoiles plein les yeux. Ça tombe bien puisque le numéro un mondial affronte le Dominicain Victor Estrella (je vous avais dit que j’avais progressé en espagnol). Pour le suspense, on repassera, c’est un récital du maestro. Je profite des quelques places libres dans les tribunes pour finir la rencontre derrière le clan de l’Espagnol. Pour l’effort, je mérite bien une photo avec Carlos Moya, ancien numéro un mondial et vainqueur de Roland Garros en 1998.
Un mot sur le public. Avant de venir à Melbourne, je pensais que l’ambiance était exceptionnelle. La réalité est à la hauteur de mes attentes. Ca chante, ça encourage, le public est jeune, connaisseur, enthousiaste, c’est incomparable avec d’autres tournois. Il faut dire que la consommation assidue de bière aide à réchauffer les cœurs.
Je termine la journée par une revanche franco-belge de la finale de la coupe Davis entre Lucas Pouille et le Ruben Bemelmans. Le public crie très fort dans les 2 clans et le Flamand, qui voit la vie en rose, l’emporte. Pour le clin d’œil, je crois que les parents de Pouille ne sont pas très vifs sur les contrepèteries pour avoir appelé leur fils Lucas.
En rentrant, je passe devant le court numéro 15 où le tennisman le plus chevelu du circuit, l’Allemand Dustin Brown, finit par prendre une valise face au Portugais Sousa au 5ème et dernier set.
11h30 de tennis, j’ai bien profité. A suivre.