Péchu, Seb et moi avons vécu quelques virées mémorables lors des championnats du Monde d’Helsinki 2005. Au cours notamment d’une soirée au Club France, nous faisons la connaissance de Romain Barras. Fraichement 7ème des épreuves combinées mondiales, il profite de la décompression comme tout bon décathlonien qui se respecte. La soirée vire potache avec des gai-lurons comme Vincent Le Dauphin, Gaël Pencréach et Jean Galfione. Loin d’être le dernier, Romain Barras ne s’embarrasse pas d’un café ou d’un déca mais goûte plutôt au houblon, sans dénoter dans la troupe.

Vient ensuite Osaka en 2007 où il confirme son rang au niveau mondial en se classant à nouveau 7ème.

Lors des Jeux Olympiques de Pékin 2008, il gagne 2 rangs et termine 5ème. Mais en 2016, le CIO revoit sa copie. Le pipi du Russe Aleksandr Pogorelov a la couleur de la potion magique d’Obélix. « Il sont fous ces Russes », pense Romain, qui récupère la 4ème place. Moins de chance à Berlin en 2009. Le Nordiste rate sa première journée et termine 12ème. Ca ne l’empêche pas de garder le sourire avec ses potes Nadir El Fassi (22ème) et Mateo Sossah (29ème).

Arrive Barcelone 2010 et la consécration. Les concours et les courses sont haletants, le suspense total. Avant la 8ème épreuve, Romain Barras a 82 points de plus que Eelco Sintnicolaas. mais le saut à la perche est la spécialité du Hollandais. Alors que le Français égale son record à 5,05m, le Néerlandais bat le sien en franchissant un incroyable 5,45m et mène l’épreuve avec 43 points d’avance. Le concours du javelot permet de maintenir la tension. Le Français lance à 65,77m (à 7cm de son record) contre 62,57m au Batave et repasse en tête pour 5 tout petits points (7698 points contre 7693 points). Le 1500m, dernière épreuve, s’annonce fabuleux. Les 2 hommes se marquent, Sintnicolaas reste dans la foulée de son adversaire et ne veut pas lui faire de cadeau de Noël. C’est donc dans un dernier tour de feu, où les jambes brûlent et l’acide lactique grimpe aux oreilles, que Romain Barras contient son adversaire. Les 1″88 entre les 2 hommes valent 12 points à la table hongroise. Le Français est champion d’Europe pour 17 points seulement, chacun battant son record personnel (8453 contre 8436 points).  Le lendemain, on croise ses copains décathloniens Nadir El Fassi (12ème) et le breton Florian Geffrouais (16ème). Leurs petits yeux indiquent que la 11ème épreuve a peut-être été la plus difficile, mais pas la moins savoureuse….

Barcelone 2010: champion d’Europe

A Daegu en 2011, je le recroise accompagné de Alain Blondel. La rencontre vaut bien un selfie entre 2 champions d’Europe du décathlon. Romain se souvient de moi et me rappelle la soirée d’Helsinki avec un regard entendu et un sourire en coin. Inutile d’en rajouter. On se revoit dans la semaine et ça mérite bien une mousse au village des athlètes, une fois sa 11ème place acquise. De 2012 à 2016, il est malheureusement perturbé par de multiples blessures. Romain, débarrassé de ses tracas physiques, réussit  tout de même à clore sa carrière avec une belle 6ème place en guise de feu d’artifice aux championnats d’Europe de 2016 à Amsterdam.

Palmarès
  • Champion d’Europe du décathlon (2010)
  • Triple vainqueur de la coupe d’Europe du décathlon (2003-2006-2010)
  • Vainqueur des Jeux méditerranéens du décathlon (2005)
  • 4ème aux Jeux olympiques du décathlon (2008)